sans mots



Elle est étrange cette facilité qu’ont les mots à sortir de soi sous le coup de l’émotion, de la colère et de l’emportement. Sans effort, libres…les mots nous volent à nous-mêmes, disent ce que l’on a senti et pensé ; disent même ce que l’on n’a pas même pensé. Les mots émotifs.

 

Parfois, c’est l’inverse. Proche de son cœur, de ses blessures et des horizons les plus intérieurs, les mots ne viennent pas. Ou ceux qui viennent ne disent pas, ou mal, ou à moitié. Les mots nous trahissent et nous trompent. Les mots élimés.

 

Ce peut être le brouillard, le trouble et le flou. Une pensée peu claire, une raison malmenée, ou sans raison, et le poids de nos contradictions. On ne sait pas dire, on ne sait que dire. Les mots occupent le silence ou cachent ses vérités. Les mots menteurs.

 

Les mots passe-partout. Les politesses et les révérences, les codes et les signes à passer sa journée à passer entre les gouttes du sens et des finalités. L’air de tout dire sans rien dire et de faire semblant d’entendre et de sourire. Les mots mimétiques.

 

Quel silence les mots ! Entendre, des contrées de l’azur ou des feux de l’horizon que la Présence est au-delà des mots et que l’amour suffit à l’amour. Les mots de l’amour.

 

N’était-ce point la prière infinie du poète qui voulut se taire ?

 

Sans mots.

Tariq Ramadan.

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